
Les découvertes des paléontologues
permettent d’entrevoir une vision certaine de l’évolution des primates
et de l’hominisation qui s’est déroulée en quelque 4 ou 5
millions d’années.
Les causes de cette évolution,
et la naissance du langage, de la pensée et de la conscience demeurent
pour beaucoup de scientifiques et de philosophes, une source d’interrogation,
mais tous s’accordent à dire que le cerveau de l’homme est au centre
de l’hominisation. En un temps relativement court, moins de 4 millions
d’annéees, le cerveau va non seulement tripler de volume, mais se
transformer en une structure infiniment complexe à partir de laquelle
vont se développer la dextérité manuelle, le langage,
la pensée et la conscience.
Raymond Houdart, fut un spécialiste
du cerveau ; sa pratique et l’enseignement de la neurologie et de
la neuro-chirurgie l’autorisent, au terme d’une longue carrière
à apporter sa contribution à la compréhension de cette
évolution. Il apporte un éclairage nouveau sur l’évolution
de l’homme en plaçant le cerveau au coeur de sa réflexion.
Pour lui, la clé de l’hominisation
réside dans l’évolution même de ce cerveau, merveille
de l’univers .L’auteur, en pédagogue, nous entraine dans une
passionnante histoire de l’évolution du système nerveux ,
de la place qu’occupe le cerveau dans ce système, puis dans la compréhension
de son fonctionnement au cours de l’évolution, depuis les
prémices de l’hominisation à l’âge des australopithèques
jusqu’à l’homo sapiens. Il nous aide à imaginer et
à comprendre, en partant du cerveau, la naissance du langage,
de la pensée et de la conscience.
“Le propre de l’homme, et le fait
majeur de l’hominisation, c’est son exceptionnelle capacité d’apprendre
qu’il doit à l’immaturité de son cerveau à la naissance”
L’hominisation est liée à
la bipédie et à la station érigée, qui entraina
à libération de la main, la descente du larynx, mais
aussi le raccourcissement du bassin de la femme dont
le canal pelvien maintenant trop étroit par rapport au volume du
cerveau du nouveau-né, entraina un déclenchement prématuré
de l’accouchement du petit de l’homme avant maturité complète
de son cerveau.
Pour Raymond Houdart, c’est un évènement
d’une importance prodigieuse, trop souvent sous-estimé, dont
il croit pouvoir fixer l’origine, à environ un million et demi d’années,
lorsque le cerveau d’Homo Erectus a atteint un volume dépassant
les capacités du canal pelvien. Car, c’est à ce cerveau
immature à la naissance que l’homme doit son exceptionnelle capacité
d’apprentissage, qui constitue sans nul doute le fait majeur de l’hominisation....et
pourquoi pas le propre de l’homme.
L'auteur
L’auteur de cet ouvrage, décédé
en 2008, fut membre de l’Académie Nationale de médecine,
neuro-chirurgien honoraire des hopitaux , professeur honoraire et
ancien doyen de la Faculté de Médecine Lariboisière-Saint
Louis de l’Université de ParisVI. Il a écrit plusieurs
ouvrages de neurologie et de nombreux articles de neurologie et neurochirurgie.
La préface
Ce livre qui est l’Histoire du
cerveau de l’Homme, telle qu’on peut la reconstituer, ou tout au moins
l’imaginer, n’a aucune prétention, ni aucune ambition philosophique
ou métaphysique. Il ne cherche nullement, à partir de la
spécificité de son cerveau, à expliquer l’essence
et l’existence de l’Homme. Il ne cherche pas davantage à comprendre
les raisons de ce privilège qui a donné, à une espèce,
la supériorité sur toutes les autres, la mettant, pour la
première fois dans l’histoire de la terre, en mesure de prendre
la « directive » et les responsabilités de la poursuite
de l’évolution.
L’objectif de cette histoire est d’abord
de montrer qu’elle s’inscrit tout naturellement dans la continuité
de l’évolution du système nerveux, puis, en se référant
aux travaux des paléontologues, ainsi qu’aux dates établies
par eux, de préciser comment, sous quelles influences, et dans quel
ordre, ont pu apparaître et se développer les nouvelles «
capacités » de cette merveilleuse machine qu’est le cerveau.
On décrit généralement
le corps humain comme fait d’une série d’organes, le cerveau n’étant
que l’un d’entre eux. Mais il n’est pas possible de comparer, ou de mettre
sur un même plan, le cœur qui n’est qu’une pompe, le poumon qui n’est
qu’un soufflet, le rein qui n’est qu’un filtre, l’intestin qui n’est qu’un
tube, et ce prodigieux système qui est l’honneur et la fierté
de l’Homme. Un jour viendra, et il n’est probablement pas éloigné,
où il sera possible de remplacer, lorsqu’il est défectueux,
chacun de ces organes par une machine. Pour le cerveau, c’est à
tout jamais impossible.
Pour s’en persuader, il suffit d’imaginer
ce que devrait rassembler la fabrication d’un appareil capable, tout à
la fois, de percevoir, d’analyser et de comprendre, d’agir et de perfectionner
son action, de juger, d’imaginer et de créer, de prévoir
et de décider, de communiquer, d’apprendre et de transmettre son
savoir, et en même temps d’en éprouver joie ou tristesse,
amour ou haine, et d’être conscient qu’il pense, qu’il
agit, qu’il aime, tout en situant cette conscience du moment présent
par rapport au passé et en prévision du futur. …
Ce sont là les « capacités
» apparues ou perfectionnées au cours de cette Hominisation.
Ce sont elles qui font, du cerveau de l’Homme, incontestablement, l’une
des merveilles de l’univers.
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